Bien que je me sois promis de ne plus avoir d’attentes, j’étais inexplicablement attiré par la Bosnie-Herzégovine. J’ai adoré. Tout. Pourtant, ça avait assez mal commencé : gros orage à peine la frontière passée et une fois le temps calmé, mordu par un chien. Tout est oublié. Je vais quitter la Bosnie avec l’envie d’y revenir et beaucoup d’interrogations dans la tête.
Je ne connais pas grand-chose à ce pays, mais j’étais assez vieux entre 1992 et 1995 pour comprendre que des atrocités s’y déroulaient et prendre part à quelques rassemblements où une petite dizaine de personnes disait l’importance de ne pas oublier ce conflit. Certains noms de villes évoquent quelque chose alors même que je n’ai jamais mis les pieds dans les Balkans : Sarajevo, Mostar, Tuzla, Banja Luka et bien sûr Srebrenica.
J’apprendrai à Sarajevo que Balkans veut dire « miel et sang » en turc. Du miel, il y en a partout, depuis que j’ai passé les montagnes en Croatie : partout des vendeurs ambulants, partout des ruches bigarrées. Du sang, celui de François Ferdinand d’Autriche a coulé le 28 juin 1914 à Sarajevo, faisant par la suite couler celui de millions d’autres personnes.
La Bosnie-Herzegovine est un pays de frontières ou de rencontres, c’est selon. En passant de Croatie en Bosnie, je vois pour la première fois depuis mon départ un minaret. Ils seront ensuite de plus en plus nombreux mais pas en remplacement des clochers : souvent, les deux coexistent. Les alphabets aussi coexistent, latin et cyrillique. La Bosnie est une fédération, je le découvre en passant ce panneau et serai rappelé durant tout mon voyage combien cette frontière n’est pas que virtuelle.
La complexité du pays, je ne la découvre que petit à petit, mais à Sarajevo, en suivant un guide touristique, certaines pièces du puzzle se dévoilent et s’assemblent.
Sarajevo a le surnom de Jérusalem de l’Europe – pour le meilleur et pour le pire. À Sarajevo on boit du café turc en mangeant des viennoiseries, quelques mètres séparent la cathédrale de l’église orthodoxe, de la synagogue et de la mosquée, plusieurs mondes se rencontrent.
Le tour guidé de la capitale est entièrement axé sur la guerre. Avec le coin de rue où François-Ferdinand a été assassiné et avec les différents endroits où ont eu lieu des massacres pendant le siège de Sarajevo, en particulier le marché de Markale (je recommande très fortement la lecture de cette notice wikipedia).
Le thème de la guerre est très présent en Bosnie au travers de nombreux mémoriaux, surtout pour la Deuxième Guerre mondiale et au travers de cimetières sur tout le territoire où les dates de décès sont contenues entre 1992 et 1995, comme dans ce cimetière musulman à côté duquel je loge à Sarajevo, dont les tombes couvrent les pentes de la ville. Les stigmates de la guerre sont également présents sur les murs de quelques immeubles, criblés d’impacts.
Pourtant, l’atmosphère n’est pas lourde à Sarajevo ou dans le reste de la Bosnie, bien au contraire. Les gens sont souriants, on me fait des signes d’encouragement sur mon vélo, les terrasses des cafés sont remplies, l’accueil est simple et sincère et on danse même dans la rue.


La nourriture est partout, ce n’est pas de la grande cuisine, mais ça pourvoit aux besoins de manière abondante. Ćevapi (petits rouleaux de viande grillés), bureks, kebabs, pizzas, glaces, baklavas sont à tous les coins de rue. Comme disait le guide, il ne fait pas bon être vegan en Bosnie.
Les routes du pays ressemblent plus à celles d’un pays en voie de développement qu’à celles de nations industrialisées, avec la succession d’échoppes plus ou moins structurées, cette tendance au regroupement des vendeurs de biens similaires dans un même quartier et, malheureusement, les détritus qui jonchent les bas-côtés.
Difficile de deviner quelles sont les industries florissantes de la Bosnie. Tout au moins les carrières de pierres sont fréquentes ainsi que les scieries et les fabriques de palettes en bois. Le tourisme est en fort développement, à raison. Evidemment, il y a Sarajevo : les rues du centre historique sont idéales pour flâner ou discuter devant un café.
Mais au-delà de Sarajevo, la Bosnie a un riche patrimoine entre châteaux, forteresses, églises et catacombes.
Sorti des villes, la nature luxuriante et les nombreuses collines m’évoquent le Rwanda. Les chemins que j’emprunte ne sont souvent pas goudronnés et me permettent d’apprécier pleinement quand je ne suis pas en train de jurer contre les pentes glissantes et rocailleuses sur lesquelles je dois pousser mon vélo, en ne manquant pas de tomber dans les endroits les plus boueux (le temps n’est pas vraiment avec moi durant mon passage).
La nature de la Bosnie est sauvage, avec ses dangers. Le chien du gardien du parc national de l’Una me l’apprend à mes dépens (je n’avais rien fait !) et un panneau me le rappelle sur le chemin. Quand je demande au gardien du parc de me confirmer qu’il y a des ours, il me dit que oui et, goguenard, m’invite à pédaler le plus vite possible si jamais j’en croise un.
Le vert omniprésent est lié à l’abondance des cours d’eau. L’Una, dont mes interlocuteurs prétendent qu’elle est la rivière la plus propre du monde, se décline en cascades dans le parc éponyme et Jajce, sur le bord d’un lac, est également traversée par de nombreuses cascades.
La Bosnie vaut définitivement une visite. J’espère que son avenir sera plus heureux que son passé récent. Le guide à Sarajevo n’était pas optimiste : la Bosnie compte 3 co-présidents (un Bosniaque, un Croate et un Serbe) et plus d’une centaine de ministres et de partis politiques.
Le trajet
Lundi 23 juillet
Total climbing: 1745 m
Mardi 24 juillet
Total climbing: 1748 m
Mercredi 25 juillet
repos
Jeudi 26 juillet
Total climbing: 1062 m
Oh le récit est déjà fini vivement la suite!
C’Est beau.
L.VE
Cette grève des coiffeurs va laisser des traces…
Et pas que de bronzage..
Grand grand merci de me faire rêver , voyager
Et sans risque !!!
Merci de tous ces partages de vie et d histoire
Très beaux paysages.